Identité nationale: ce qui compte, c’est l’appartenance choisie

Publié le par Amdg

http://www.koztoujours.fr/wp-content/uploads/2008/07/drapeau-francais.jpg
"Par-dessus tout, je suis Français, et plus encore lorsqu'on crache sur la France"

Voilà ce que m'a écrit Kader Hamiche, auteur du "Manifeste d'un fils de Harki et fier de l'être" paru en 2007. "Ce qui compte, c'est l'appartenance choisie". Ce texte, vibrant de patriotisme, et accusateur de ceux qui ne choisissent que de vivre en France sans en choisir l'appartenance, prouve une fois encore le profond attachement de la communauté Harkis pour leur pays. Cet attachement, rendu inébranlable par leur sang versé, est d'autant plus admirable que la France, comme le dit monsieur Hamiche, s'est conduit comme une indigne marâtre envers ces harkis".

Plus loin, même, leur histoire et une leçon pour tous : "Vous pouvez être Français de souche et de ne pas choisir la France : cf les porteurs de valises ou les internationalistes de tous poils qui voudraient voir la nation française disparaître." me dit Kader Hamiche.

Je retransmets ici avec plaisir un extrait de ce manifeste, qui tranche dans l'actuelle marasme identitaire. Qu'il est loin le pitoyable appauvrissement identitaire que l'on entend partout : "Être Français c'est être respectueux et humaniste".

http://www.harkis.info/portail/users_private/Massi/Kader_Hamiche.jpgJe suis berbère et je n'en suis pas plus fier. J'admets que je l'ai été, un temps, parce que l'histoire de ma famille n'était pas banale et que j'étais persuadé que mes ancêtres avaient compté dans l'Histoire avec un grand « H ».
(...)
« Je ne suis pas musulman et je ne suis pas arabe ! », criait Matoub Lounès avant d'être assassiné, sans doute par ses frères trop timorés pour le suivre sur cette voie. Une profession de foi, un mot d'ordre, un slogan, que des millions de voix kabyles crient maintenant à la face de leurs occupants du moment. Treize siècles d'Islam et d'arabisation plus ou moins forcée et forcenée n'ont en rien altéré le sentiment délicieux des Berbères d'être des gens « différents » et de constituer comme tels une nation. Un sentiment national qu'ils ont, au prix de formidables sacrifices comme la relégation dans les montagnes par les Arabes, l'exil et la déportation des meilleurs d'entre eux, et la confiscation du plus gros et du plus fécond de leurs terres par la troisième République radicale (6), athée et maçonnique, consciencieusement entretenu en résistant le plus possible à l'écart des envahisseurs et en tâchant de préserver leurs modes d'organisation sociale et politique, et même leurs croyances, très largement hérités des Romains. Tout en ayant toujours le souci de perpétuer leur appartenance à la civilisation romano chrétienne par des signes visibles et dont le sens s'est malheureusement perdu dans le temps. C'est ainsi que les femmes berbères reproduisent le signe de croix en langeant leurs bébés et ont porté jusqu'à ces toutes dernières années - les canons de la beauté ayant changé avec l'avènement de la télévision - des croix tatouées sur le front en gage de soumission du cœur à l'ancien ordre religieux. Mais surtout, et c'est ce qui perdurera, les Berbères portent sur eux physiquement, à chaque instant et pour l'éternité, cette identité qu'ils ont en c ommun avec le monde romain et, donc, si on extrapole, la France.

C'est cela, ma « communauté d'origine ». Je ne m'en vante ni ne la renie. Je n'en suis ni fier ni honteux. J'y suis attaché mais non pas entravé par elle. Je suis français d'origine kabyle comme on est français d'origine bretonne ou savoyarde ; un Français dont les veines charrient, à coup sûr, du sang aryen, du sang arabe et du sang turc, et bien trop conscient de ce qu'il est, comme la très grande majorité des Français, le résultat d'apports divers et variés, pour récuser à d'autres citoyens de ce pays originaires d'autres contrées le droit à la francité, pour peu qu'ils conçoivent leur appartenance à la nation française comme un choix et un engagement uniques et exclusifs de tout autre.

Je suis le fils d'un Harki assez sûr de ses engagements pour pouvoir dire, cinquante ans plus tard : « Si c'était à refaire, je le referais ! » Je suis fils de Harki et fier de l'être, pas seulement parce que j'ai foi en mon père, que je l'aime et l'admire, mais aussi parce que sachant ce que je sais, j'ai suffisamment d'éléments en main pour pouvoir dire, rétrospectivement et objectivement : « Le combat de mon père et celui d'une certaine France qui ne voulait pas voir brader l'Algérie étaient justes. » Je suis encore plus fier d'être un fils de Harki quand les Harkis sont insultés par leurs ennemis ; et je suis un kabyle solidaire des Kabyles quand la Kabylie est martyrisée. Mais, par-dessus tout, je suis français, et plus encore lorsqu'on crache sur la France.

Français voulant, donc français étant, je suis français d'une appartenance nationale exclusive de toute autre et que personne, jamais, ne pourra me contester. Si la France devait, et ce jour ne me paraît pas si lointain, soutenir un conflit armé et mobiliser ses fils pour la défendre, je répondrais à son appel, et mes enfants avec moi, sans aucun état d'âme ni aucune restriction mentale. Je ne suis pas sûr qu'il en soit de même pour nombre de Français issus de l'immigration européenne ou africaine qui pratiquent la double allégeance. Je ne suis pas sûr qu'il en soit de même pour ces enfants d'Immigrés espagnols, italiens, portugais ou autres, qui masquent leur ingratitude envers la France en l'accusant d'avoir exploité leurs parents alors qu'elle leur a donné l'asile quand ils fuyaient la dictature et la misère, et qui en tirent argument pour justifier leur attachement prioritaire sinon exclusif à leur pays d'origine. Je ne suis pas sûr qu'il en so it de même pour tous ceux qui dissimulent leur attachement à la patrie d'origine de leurs parents sous une improbable nationalité européenne. Je ne suis pas sûr qu'il en soit de même pour beaucoup de ces Juifs français, pour la plupart originaires d'Afrique du Nord, qui vouent un tel culte au mythe du « grand » Israël qu'ils en sont devenus les plus sûrs freins à un règlement de la question palestinienne. Je ne suis pas sûr qu'il en soit de même pour la plupart de ces Musulmans français doublement attachés, eux, à leur pays d'origine et à l'oumma, et pour qui la carte nationale d'identité n'est qu'un sésame qui leur permet de profiter ici d'avantages qu'ils ont été bien incapables d'instituer dans leur propre pays.

Fils d'un noble paysan Kabyle qui a hérité de ses ancêtres aux vertus guerrières la volonté et la force, quand les circonstances l'y obligeaient, de lâcher le manche de la charrue et de saisir celui du glaive pour le salut de sa famille, et qui, en des temps difficiles et des circonstances décisives, a choisi la France et lui est resté fidèle bien qu'elle se soit comportée avec lui comme une indigne marâtre, je suis héritier et dépositaire des prérogatives et des responsabilités découlant de ce choix courageux et assumé. Et chaque heure, chaque jour qui passent me font un peu plus Français et un peu moins Kabyle. Je ne m'en réjouis ni ne m'en plains : je le constate, tout simplement. Pour qu'il en fût autrement, il eut fallu que la Kabylie restât française. C'est ce que l'Histoire n'a pas voulu. Il n'y a pas à revenir là-dessus.

Voir le texte de ce manifeste ici.

Présentation de l'auteur au dos de son ouvrage :
Né en 1955 près de Bougie (Kabylie), l’auteur a participé à la création du Conseil National des Français Musulmans, instance dont il espérait que les Harkis y joueraient un rôle actif et en prendraient le contrôle aux dépens des “Français Musulmans” soutenus par le(s) pouvoir(s). Il a créé en 1998 le Forum Civique des Harkis, qui a déposé en 1999 la première plainte pour génocide à la Cour européenne des droits de l’homme. Kader Hamiche est l’initiateur de l’unique expérience connue de Harkis ayant réussi à s’imposer dans un Conseil municipal grâce à leurs seules forces. C’était à Dreux, en 1989.
Sur les harkis, on a beaucoup écrit mais pas tout dit. C’est un fait incontestable que les Harkis ont été massacrés par les Algériens en représailles pour leur engagement aux côtés de ce qu’ils croyaient et croient toujours être leur pays, leur patrie. Tout juste discute-t-on des chiffres. C’est généralement ce qu’on fait quand on ne veut pas aborder les questions les plus gênantes : on ergote. Ici, point d’arguties, point de fioritures : les choses sont dites et elles le sont clairement. La France a rendu possible et couvert sinon organisé un véritable génocide conçu, planifié et perpétré par le FLN, pour pouvoir garder la haute main sur le pétrole et le gaz algériens. Et, pour cacher ses fautes, elle les a aggravées en mettant les survivants dans des camps de concentration et de travail. Cela fonde et légitimise les Harkis à réclamer justice et réparation. Le reste, c’est stérile débat et littérature. Mais, pour que les Harkis obtiennent réparation, il ne suffit pas que leur revendication soit moralement fondée: il faut aussi qu’eux-mêmes y mettent du leur et corrigent leurs pratiques.


Bien à vous
Amdg

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article